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Lamborghini Murcielago LP670-4 SV

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En guise d'adieu, la Lamborghini Murciélago s'offre une dernière évolution plus radicale que jamais sous le patronyme LP670-4 SV. Sous l'action conjuguée de la baisse de poids et de l'augmentation de la puissance, la capacité d'accélération du projectile s'en trouve décuplée. A tel point qu'il faudrait presque un entraînement spécial à la NASA pour habituer le cerveau à supporter la violence des G encaissés à bord ! Le V12 Bizarinni n'a pas dit son dernier mot...

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Bien que la carrière de la Lamborghini Murciélago remonte au début des années 2000, chaque rencontre avec la bête de Sant Agata Bolognese est suffisamment rare pour déclencher immanquablement la même décharge d'intense émotion. C'est à ce type de réaction physiologique que l'on reconnaît les vraies supercars parait-il. Alors je confirme. Surtout lorsqu'on a devant soi la dernière née des usines Lamborghini, estampillée SV comme " Super Veloce" sur les portières en référence aux mythiquesMiura SV. On tutoie, fébrilement, l'élite automobile de ce monde. Et même son propriétaire ne saurait jouer les blasés devant un tel chef d'oeuvre, la fascination étant simplement trop forte. Comme avec toutes les stars, la rencontre est aussi furtive et rare que l'engin lui-même, produit à 350 exemplaires seulement dont à peine une dizaine finiront en France. Mais transporté en dehors du temps, le rendez-vous amoureux se révèle suffisamment long pour prendre la pose devant l'appareil photo et immortaliser sur quelques clichés ces instants que l'on voudrait infinis. Et justement, il ne fait aucun doute que ce genre de rencontre, avec une Lamborghini Murciélago SV, est de celles qui vous marque à vie...

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DESIGN
Déjà 8 ans et cette Lamborghini ne cesse de capter le regard par sa sportivité revendiquée, sa bestialité brutale et presque dérangeante dans une société que l'on voudrait de plus en plus aseptisée. D'une pureté remarquable malgré un style très fort, le dessin de Luc Donkervolke traverse le temps tel une oeuvre d'art reconnue comme un grand classique dès sa création. Acérée, biseautée, anguleuse et pourtant si fluide, la Lamborghini écorche l'oeil des passants à vif comme une lame de rasoir tout juste aiguisée. La Murcielago LP670-4 SV reste de ce fait la plus authentique des "lambos" et sans doute la plus remarquable expression d'une tradition de supercars à l'italienne, avec toute la démesure latine que cela sous-entend. Une tradition qui portée à son paroxysme avec la provocante et exubérante 
Reventon d'ailleurs, preuve que le trop est souvent l'ennemi du bien. Allégée de presque 100 kg par rapport à la LP640 "de base" par un régime drastique, la "Murcié" SV semble échappée d'un championnat GT FIA. La LP670 SV relègue la LP640 au rang de bijouterie d'apparât pour s'imposer comme une authentique voiture de sport, sinon de course avec l'option Aeropack ou "gros aileron". Une prothèse aérodynamique qui nous ramène au temps de la Countach et la Diablo. Si d'ordinaire ce genre d'appendice manque singulièrement d'élégance, il faut avouer qu'il trouve parfaitement sa place, et son rôle, une fois fixé sur la robe orange éclatante de la Murciélago SV. Parfaitement en adéquation avec la bestialité et la sportivité plus que suggérées, il se fond dans le décor sans jamais choquer l'oeil. On pourrait même trouver que c'est précisément ce qu'il manquait à la Murciélago... Notez quand même que la vitesse de pointe sacrifie 5 km/h sur l'efficacité aérodynamique de ce rajout. Le clou du spectacle arrive au niveau du capot moteur, qui n'en porte d'ailleurs plus que le nom tant la pièce est de toute beauté et travaillée comme une création d'architecture contemporaine. Le coeur du monstre se laisse entrevoir par les 3 vitres hexagonales en polycarbonate superposées sur des "plateaux" en polymères composites. Alors certes, ce morceau de design sert en premier lieu à ventiler la bouillante mécanique, mais ce capot est tellement sublime qu'on pourrait passe une demi-heure rien qu'à le contempler ! Une différence typique d'une supercar et à laquelle les coeurs de passionnés ne peuvent bien sûr pas résister ! La partie arrière s'achève sur un monumental double diffuseur avec un échappement central aussi large qu'un turboréacteur de jumbo jet surplombé par une grille d'aération et une partie de la carrosserie en carbone nu. Du grand art. Seuls les portes et le toit restent en acier dans cet univers de haute couture. Outre le orange Atlas de nos photos, la LP670-4 SV peut aussi être livrée au choix avec les coloris jaune Orion, blanc Isis, gris Telesto et noir Aldebaran, ou encore le blanc Canopus et le noir Nemesis, deux peintures mates proposées en option.

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HABITACLE
Entièrement tapissé d'Alcantara micro-fibre et d'éléments en fibre de carbone (panneaux de portes, tunnel central, palettes de vitesses, casquette de compteurs), l'habitacle marque également son exclusivité par un style très sportif et néanmoins raffiné. L'ambiance noire y est relevée par des surpiqûres de fil couleur carrosserie et des logos SV brodés sur les panneaux de portes. L'absence de cuir au profit de l'Alcantara représente à elle seule une bonne partie des 35 Kg gagnés au total par rapport à une LP640 ! Il va sans dire qu'avec l'arrivée d'Audi aux commandes, les plus gros progrès perçus dans les habitacles Lamborghini se voient au niveau de finition. Celui-ci n'a plus rien de commun avec les errements du passé, bien qu'étant toujours assurée à la main et non par des machines-outils. Les deux baquets carbones avec harnais 4 points ne peuvent en revanche faire oublier une postion de conduite très allongée, décalée, à la visibilité sommaire, loin d'être parfaite. Que dire enfin de la forêt de témoins en tous genres qui sont éparpillés comme au gré du vent autour des compteurs de vitesse et de régime moteur, sinon qu'ils sont les témoins, justement, d'une ergonomie encore très... latine !

 

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MOTEUR
A 8000 tr/mn, régime où la puissance maxi est atteinte, chacun des 12 pistons parcoure 23,7 mètres à la seconde. Pour arriver à cet exploit, Lamborghini a du alléger tout l'équipage mobile, ainsi que celui de quelques périphériques et modifier la course des soupapes. Ce sont pas moins de 26 kg qui ont ainsi été gagnés dans le compartiment moteur. Tout en alu et lubrifié par carter sec, le bon vieux V12 Bizarinni apparu dans la
Lamborghini 350 GT fait partie des derniers dinosaures du monde automobile. Mais franchement, quel moteur !!! Aujourd'hui sa cylindrée est de 6L5, sa puissance de 670 ch et son couple de 660 Nm délivré à 6500 tr/mn, comme une véritable invitation au voyage dans les hauts régimes. A la condition préalable d'avoir soigneusement porté à température les 12L d'huile qui circulent dans ses veines. Ensuite, ce n'est que du bonheur, ou presque. Si ces valeurs n'ont plus rien d'un record face aux monstres technologiques comme la Bugatti Veyron, elles ne traduisent pas la puissance émotionnelle dont dispose cette mécanique à nulle autre pareille. Car une fois passé l'appréhension d'envoyer illico presto ce bel objet dans le décor par excès d'optimisme du pied droit, le moteur dévoile sa vraie nature de bête de course avec une hargne impressionnante entre 6000 et 8000 tr/mn. Rien qu'à la mise à feu (à la clé, comme au siècle passé) les 12 canons qui battent en rythme vous donnent la chair de poule par la beauté magique et indescriptible d'une sonorité échappée d'un autre temps. Oubliez les moteurs modernes, discrètement surpuissants et honteusement civilisés par la grâce de l'électronique et des insonorisants. Rien de tout cela n'a cours à bord de la Lamborghini Murciélago SV. Même le V10 de la petite soeur Gallardo LP560-4 paraît terne en comparaison, c'est dire ! La seule marque du 21ème siècle tient à la boîte robotisée e-Gear à commande électro-hydraulique, qui remplace de plus en plus avantageusement la commande mécanique et l'embrayage de poids lourd, toujours disponible en option pour les plus sportifs. N'ayant pas encore son laisser-passer dans le club des boîtes double embrayage, aussi rapides que dévoreuses de sensations, la Lamborghini Murciélago SV a donc tout fait pour améliorer un système longtemps critiqué (et critiquable). L'apparition du mode "Corsa" permet désormais de rester accroché au rupteur si l'envie vous en renait. Achevons ce paragraphe d'extase par une note plus terre à terre (pour ne pas dire écologique donc !) : 100 Litres de super, ce n'est vraiment pas assez pour faire 500 km...

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CHASSIS
Sous cette robe flashy ultra sexy, la structure de la Murciélago date pourtant de la
Diablo, avec une base de châssis tubulaire tel qu'on les utilisait déjà chez Lamborghini dans les années 60 sur la Miura, avec le moteur en position centrale arrière qui lui vaut ses deux lettres LP, pour "Longitudinale posteriore". L'occasion de se rappeler que l'empreinte technologique d'Audi, dernier repreneur en date de la tauromachine, n'a pas eu l'occasion d'oeuvrer totalement sur la genèse de la Murciélago. Grâce à l'emploi d'aciers spéciaux haute résistance et de composants en carbone (plancher, tunnel de transmission), la rigidité torsionnelle de la structure a pu être augmentée de 12% tout en perdant 20 Kg au passage. 58% de la puissance est distribuée sur l'arrière en conditions normale et chaque essieu reçoit l'aide d'un autobloquant à 25 et 45% respectivement pour l'avant et l'arrière. Pour les aspects pratiques, on appréciera la levée du train avant jusqu'à 45 mm pour éviter de racler le spoiler avant en carbone sur les dos d'ânes (ils portent bien leur nom ceux-là...) qui fleurissent dans toutes les communes de France. Concernant la tenue de route, les 4 roues motrices ne sont pas de trop pour canaliser la verve latine du V12, capable de faire patiner les quatre pneus sur un départ catapulte. Le plus difficile est de garder l'esprit en éveil et les mains vives, tant l'accélération est violente et massive. Le sang semble se vider des avant-bras, des jambes et du cerveau pour rester au niveau du coeur, lequel se met à battre la java sous l'effet conjugué de l'avalanche de couple et du tsunami de décibels déboulant dans le dos. Et dire qu'il reste encore 2000 tr/mn au moment où votre cerveau revenant à la raison semble vouloir vous dire qu'il serait plus sage d'arrêter là ! Mais l'adrénaline agit comme une drogue dure et l'addiction est immédiate. A condition d'avoir la forme physique pour supporter l'effort prolongé d'un amortissement particulièrement ferme et d'un V12 inépuisable qui n'arrive pas plus à bout d'un freinage indestructible confié à quatres disques ventilés en carbone-céramique. Ajoutez à cela une largeur de pneumatiques comme un rouleau compresseur et vous obtenez l'une des plus performantes machines sur le 0-200-0 km/h ! Ce n'est de toute façon pas sur route, dans des conditions de sécurité acceptables, que vous arriverez à exploiter convenablement la puissance de ce missile dont la poussée semble interminable et la force inépuisable. Sur circuit en revanche, lorsque les 1700 Kg en charge se mettront à l'équerre, mieux vaudra prévoir "large" avec une engin de 2m24 aux rétros et qui ne demande pourtant qu'à s'amuser comme une Caterham Super 7!

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:: CONCLUSION
Pour le tiers du prix d'une Reventon (!), la Lamborghini Murciélago LP670-4 SV joue la carte sportive sans gadget inutile ni excès de style superflu. Le fond et la forme, sublime, pour l'une des plus extraordinaires machines à plaisir disponibles sur le marché, en quantité très limitée. A bien des égards, ce collector surclasse toute la concurrence et seule une Pagani Zonda F semble pouvoir porter encore plus haut l'exclusivité et le plaisir de conduite...

 

Texte: Sébastien DUPUIS.

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